L’émancipation des femmes : un combat toujours actuel

6 Sep 06

Proposer un dossier sur l’émancipation des femmes, c’est déjà prendre parti : non, le sujet n’est pas épuisé; oui, la condition des femmes est toujours en question. En suivant les traces de celles qui ont creusé le chemin vers l’émancipation féminine, l’histoire nous apprend à ouvrir notre regard, à prendre la mesure de ce tour de force : balayer des siècles d’idées reçues sur les femmes pour leur faire enfin une place et leur donner la parole. Depuis quelques années, on prétend généralement que les femmes européennes, et les Belges en tous cas, ont gagné leur indépendance. Elles ont obtenu une égalité de principe qui, sans être parfaite, clôt le débat sur d’éventuelles revendications nouvelles. S’affirmer féministe provoque aujourd’hui des réactions de rejet, de moquerie à l’égard de cette position «ringarde». Le féminisme -dont les héritières actuelles songent à remplacer le nom par un néologisme moins connoté- ne serait dans l’histoire qu’un épisode, jugé outrancier, au cours duquel les femmes en révolte ont jeté leurs maris, en même temps que leur soutien-gorge. L’intérêt du présent exercice -refaire le parcours du combat des femmes- n’est pas de pure forme car la société est toujours aux prises avec la lutte des sexes, ne fût-ce qu’à travers la mixité. Deux ou trois générations de petits Belges ont connu un monde où cette dernière était la règle. Aujourd’hui, elle est remise en cause. On pense, bien entendu, à certaines pratiques religieuses, qui inscrivent d’emblée les femmes à se vivre comme différentes, même des autres femmes, mais aussi aux ostracismes quotidiens que produit la société et dont les femmes sont encore l’objet en Belgique aujourd’hui : le sexisme, la discrimination professionnelle, l’écart des salaires, le harcèlement et la manipulation, la violence conjugale, etc. Changer la donne et découvrir ensemble une autre manière de vivre c’est –in fine– l’objectif numéro un de tous les combats des femmes. Et au-delà des «dérives féministes», c’est sans doute cela qui gêne une société trop satisfaite d’un équilibre qui reste injuste et discriminatoire, ne serait-ce que sur le plan professionnel et financier. Si, principe de base de l’éducation sociale, la mixité est l’incontournable condition pour que les prochaines générations puissent trouver une nouvelle convivialité, encore faut-il que la société dans laquelle elles grandissent soit pleinement consciente des acquis à défendre et des combats à mener. Au début du XXIe siècle, nous avons vu disparaître les dernières figures historiques du féminisme. Cette évocation voudrait donner la mesure du chemin parcouru. Mais nous n’en aurons vu le bout que le jour où l’élection d’une femme à la présidence de la république (Michèle Bachelet au Chili, le 11 mars 2006) ou à celle d’une association emblématique (Charlotte Knobloch, élue à la tête du Conseil central des Juifs d’Allemagne, le 7 juin 2006) fera la Une des journaux non plus en fonction du sexe de l’heureuse élue, mais de ce qu’elle propose en tant que sujet à part entière.

En Europe, les femmes commencent à se révolter à la fin du XVIIIe siècle. Elles descendent dans la rue en Angleterre et en France, pour revendiquer des droits et mettre fin à leur statut d’être inférieur. La naissance de l’émancipation féminine coïncide donc avec la fin de l’Ancien Régime. Le vent de renouveau, d’égalité, de liberté répandu par la Révolution française, offre aux femmes de chez nous la liberté d’agir pour obtenir, elles aussi, l’égalité. Mais ces espoirs sont de courte durée : Olympes de Gouges, auteur de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne monte à l’échafaud, comme toutes ses compagnes de lutte. La tentative d’émancipation a échoué; le Code Napoléon, base de notre Code Civil, inscrit dans la loi la toute-puissance du mâle et l’incapacité générale de la femme. Sans mari, la femme n’aura plus le droit de rechercher la paternité de ses enfants ni donc d’obliger le père à subvenir à leurs besoins. Résultats : avortements dangereux, abandon de nourrissons ou mendicité sont le lot commun. Mères et enfants, exploités et méprisés, sont sans aucune protection. Le XIXe siècle amène avec lui les fumées des usines et la disparition progressive du travail à domicile. C’est la femme qui va rester seule à la maison, s’occupant du ménage et des enfants, pendant que l’homme travaille à l’extérieur et «produit». Dans la Constitution belge de 1831, l’une des plus libérales de l’époque, tous les Belges sont égaux devant la loi… sauf les femmes. Ni électrices, ni éligibles, elles sont d’emblée exclues de toute action publique ou pensée politique. Sur le plan juridique, la femme mariée est entièrement soumise au «père de famille»; elle n’a aucune existence propre. Le niveau d’instruction des filles en Belgique vers 1830 tendrait à justifier cette discrimination, si nous ne savions que dès qu’elles auront accès à l’enseignement, les filles vont révéler l’étendue d’une intelligence dont on les disait entièrement dénuées. Cantonnées dans des pensionnats où la couture et l’Evangile remplacent les cours généraux, même les aristocrates sont formées pour ne pas savoir de quoi on parle mais pouvoir dire ce qu’il faut quand il faut. Voilà pourquoi l’histoire de l’émancipation féminine est irrémédiablement liée à la création d’un enseignement pour les filles, porté à bout de bras par toute une école de pédagogues dont la première et la plus touchante est Zoé de Gamond.

Pionnières belges

Née à Bruxelles en 1806, Zoé est l’une des deux filles du gouverneur de la province d’Anvers, libéral cultivé, qui deviendra professeur à l’ULB. Dans le salon philosophique tenu par sa mère, Zoé de Gamond s’ouvre aux idées progressistes. En Charles Fourier, elle trouve son mentor. Il est l’inventeur du phalanstère, un ensemble architectural dans lequel une collectivité fonctionne en microéconomie autarcique et où toutes les passions peuvent se concrétiser pour le bien-être commun. Ecrivain de grand talent, Zoé met sa plume au service de Fourier; son livre est réédité cinq fois et traduit en anglais. S’engageant totalement dans cette «utopie», Zoé place toute son énergie et ses avoirs dans la création d’un phalanstère à Cîteaux en 1842. Elle y élève ses filles dont la petite Isabelle née en 1839. Deux ans plus tard, c’est la ruine et le retour en Belgique. Bientôt mère de quatre filles, Zoé ne peut pas compter sur son mari, le peintre italien Giovanni Gatti, qui souffre de dépression. Inspectrice de l’enseignement, théoricienne prolifique de la pédagogie, Zoé de Gamond est la première à défendre le droit à l’instruction des filles, comme condition sine qua non de leur émancipation. Elle donne ses premières lettres de noblesse à l’enseignement pour filles et à la formation des institutrices. Sa fille Isabelle saura s’en souvenir. La vie de celle-ci est un exemple unique : exemple de ce que, dans la déchéance et la misère qui menace les notables imprévoyants à l’aube du XIXe siècle industriel, l’instruction peut faire pour renverser le cours des choses. Zoé de Gamond meurt quand Isabelle a 15 ans; la jeune fille doit pourvoir à l’entretien de ses jeunes sœurs. Pendant cinq ans, préceptrice dans une famille juive, en Pologne puis en Russie, elle complète ses connaissances la nuit, pour pouvoir donner la réplique à ses petits élèves le jour et envoyer de l’argent en Belgique. De retour au pays, au moment où la lutte entre libéraux et catholiques fait rage, Isabelle rédige une revue, L’éducation de la Femme, qui propose aux filles de libéraux autre chose que le pensionnat catholique… L’idée fera son chemin : en 1864, son premier cours (payant) d’éducation pour jeunes filles ouvre ses portes à Bruxelles. Pendant 35 ans, Isabelle Gatti de Gamond va exercer ses talents de pédagogue au sein de cet établissement, qui fait des émules, par exemple Henriette Dachsbeek. Précurseur de l’accession des jeunes filles à l’université, Isabelle Gatti de Gamond va connaître une seconde carrière. Une fois retraitée de l’enseignement, elle mettra son éloquence et son intelligence au service du socialisme, du féminisme et de la libre-pensée. Conférencière infatigable, elle marque d’une trace indélébile l’histoire de l’émancipation de la femme en Belgique. Au milieu du XIXe siècle, la majorité des femmes travaillent. Mais en 1897, au Congrès de la Ligue du Droit des Femmes, le constat est sans appel : les hommes estiment que les professions les mieux rétribuées sont dangereuses et immorales pour les femmes! Quelques femmes brisent le tabou et ouvrent la voie aux métiers les plus interdits. La première femme médecin belge s’appelle Isala Van Diest (1842-1916). Fille de médecin, formée dans les meilleures écoles étrangères, elle revient à Louvain pour s’inscrire en faculté de médecine. Refus catégorique. Elle s’inscrit alors à Berne et obtient en 1879 son diplôme de docteur en médecine et accouchements. Revenue à Bruxelles, où l’université s’est ouverte entre-temps aux femmes, Isala Van Diest est reconnue docteur en médecine, chirurgie et obstétrique par l’ULB. Par un arrêté royal de 1884, elle est la première femme autorisée à pratiquer la médecine en Belgique. Féministe et libre-penseuse, elle adhère dès sa création à la Ligue belge du Droit des Femmes. Marie Popelin (1846-1913), bourgeoise de Schaerbeek, conquiert un diplôme de droit qu’elle veut mettre au service des ses chevaux de bataille : le combat pour les femmes et l’instruction jusqu’à l’université. Elève d’Isabelle Gatti de Gamond, elle obtient le diplôme de docteur en droit en 1888 mais aucune cour de Justice ne consent à l’entendre prêter serment. Empêchée d’exercer, Marie Popelin va créer le Conseil National des Femmes Belges (CNFB) et obtenir des résultats dans la lutte pour l’égalité juridique et économique, comme le droit d’ouvrir un carnet de dépôt (1900) ou de siéger dans des commissions publiques. Son groupe de pression fonde véritablement le féminisme belge, même si tout reste à faire sur le plan politique. Avec le XXe siècle, entrent aussi en scène les femmes catholiques : Louise Van den Plas fonde la revue Le Féminisme chrétien en 1902 et appuie la revendication d’un suffrage féminin qui devient une de ses priorités. En 1921, elle sera l’une des premières conseillères communales élues. Marie-Elisabeth Belpaire, elle, développe un enseignement catholique de qualité allant jusqu’à la création, en 1919, d’une université catholique flamande pour femmes. Marie Popelin disparaît en 1913, sans avoir pu exercer sa profession d’avocate(1) juste avant le conflit mondial qui va métamorphoser la société. On ne peut évoquer l’histoire de la condition féminine sans prendre en compte les effets de la «grande boucherie» : les maris et les fils perdus ou mutilés. La grande faucheuse a raflé d’un coup plusieurs générations d’hommes. Les femmes, mises à contribution pour l’effort de guerre ou engagées dans les secours, doivent encore puiser de nouvelles forces pour relancer la machine et se transformer en pilier productif de la nation. Les héroïnes de guerre, comme Gabrielle Petit ou Edith Cavell, démontrent que l’action, elle aussi, se conjugue aussi au féminin. La fin de la guerre fait espérer une reconnaissance, le droit de vote. En 1919, il est universel pour les hommes et octroyé aux femmes tombées aux mains de l’occupant, aux veuves et aux mères de guerre; les autres attendront… 30 ans.

Le droit et le devoir d’agir

Après la Première Guerre Mondiale, les femmes peuvent voter aux élections communales, sauf les prostituées et les femmes adultères… Le progrès a des limites! Embarras du législateur face à la question du suffrage féminin ou arcanes politiques? Si les femmes n’ont pas le droit de vote aux législatives, elles sont néanmoins éligibles au Sénat et à la Chambre. Sur le papier, la réforme constitutionnelle de 1921 prévoit que le suffrage universel pourra être étendu aux femmes moyennant une loi votée à la majorité des deux tiers. Elues ou cooptées par des hommes, quelques figures passent la rampe : la première femme parlementaire, Marie Spaak-Janson, née dans le sérail(2), fait son entrée au Sénat en 1921, dans une atmosphère surchauffée; la seconde, Lucie Dejardin, est élue à la Chambre en 1929. Cela n’empêche pas les régressions récurrentes; sous prétexte de crise économique, en 1935, diminution du salaire des agents féminins de l’Etat dont les enseignantes et fin du recrutement féminin dans la fonction publique, sauf pour le nettoyage des bureaux… Après une campagne massive de protestation, ces arrêtés loi sont abrogés. La pression des femmes sur le système donne des résultats. En 1936, Maria Baers, catholique, et Odile Maréchal-Van den Berghe, nationaliste flamande, entrent au Sénat pendant qu’Alice Degeer-Adère devient députée communiste à la Chambre. De quelque bord qu’elles soient, les femmes nouvellement élues concentrent leur action sur la question sociale plutôt qu’électorale : la santé, les conditions de travail, la formation et l’enseignement des filles sont leurs priorités. Elles luttent, unies, contre la prostitution et les abus sexuels, contre l’alcoolisme, fléau nourri par la précarité et l’immobilisme social. Thérèse Goldschmidt, épouse de Louis Hymans (voir Regards n°431 sur leur fils, Paul Hymans), se bat pendant des décennies pour améliorer le sort des infirmières et des étudiantes, en fondant des lieux d’accueil tels la maison des étudiantes de l’ULB. Isabelle Blume, journaliste au quotidien Le Peuple, devient femme politique à plein temps. Elle met le fer dans la plaie en dénonçant la suprématie masculine dans les foyers et dénonce l’infériorisation, l’humiliation et l’exploitation des femmes par un système capitaliste qu’elle rejette. Pendant et après la guerre, des femmes exceptionnelles comme Yvonne Jospa, fondatrice du MRAX, puisent dans la lutte contre l’occupant la force de mettre en place des structures pour combattre toutes les inégalités et la discrimination. En 1948, la loi autorisant la participation des femmes aux scrutins législatifs est votée. Pourquoi si tard? Parce que les progressistes craignaient l’emprise du curé sur les faibles esprits féminins. Le résultat des élections de 1949 démontre qu’il n’en est rien. L’influence du curé est largement dépassée par celle du… mari. Psychologiquement, beaucoup reste à faire. Sur le plan juridique, ce n’est qu’en 1958 que la notion de puissance maritale est supprimée et il faudra encore attendre 1974 pour que le régime matrimonial par défaut reconnaisse l’égalité des époux(3).

Le féminisme et mai ’68

A partir de 1968, les mouvements féministes prennent de l’ampleur tant aux Etats-Unis qu’en Europe. En Belgique, les Dolle Mina’s en Flandre attirent l’attention des medias par leur slogan phare Baas in eigen buik (Patron de notre propre ventre); en Wallonie, le mouvement des Marie Mineur, insiste sur les conditions de travail des femmes et le problème posé par les grossesses non désirées. Ensemble, wallonnes et flamandes rédigent en 1972 Le petit Livre Rouge des Femmes, édité par l’Université des Femmes de Bruxelles. Dans la foulée, la première Journée nationale de la femme rassemble plus de 10.000 participantes, dont Simone de Beauvoir. L’année suivante, la première publication du GRIF, Groupe de Recherches et d’Informations Féministes, met la barre très haut. Les femmes ont désormais une voix et une pensée à elles; pour leur corps, elles devront encore se battre. En 1973, deux femmes -Irène Pétry et Maria Verlackt- reçoivent un portefeuille ministériel qui, à l’indignation générale, leur est très vite retiré. La dernière, CVP et secrétaire d’Etat à la Famille, n’est pourtant pas à la pointe de la lutte : elle s’oppose à la contraception et à l’avortement. La longue bataille pour une contraception libre et la dépénalisation de l’Interruption Volontaire de Grossesse entre dans sa phase décisive. Car sous la pression des femmes, et avec l’aide de médecins et de soignants courageux, ces deux questions sont reconnues de santé publique. Depuis une loi de 1867, l’avortement est un crime contre l’ordre des familles et de la moralité publique. Ceux qui le pratiquent sont donc hors-la-loi. Comme le Docteur Peers emprisonné en 1973 pour avoir pratiqué des avortements, et pour la libération duquel de nombreux groupes de femmes se mobilisent dont les femmes Prévoyantes Socialistes. Lors d’une manifestation à Namur, 800 femmes déclarent s’être fait avorter et 200 médecins, d’avoir pratiqué des avortements. En 1976, l’action des femmes fait pression sur le gouvernement : manifestations, information du public, création de comités pour la dépénalisation de l’avortement avec plate forme commune et, sur le terrain, une pratique de l’IVG qui s’accroît, dans les hôpitaux et les centres d’accueil. Pendant dix ans, les gouvernements successifs dirigés par Léo Tindemans, Vanden Boeynants, Martens (6 fois) et Gaston Eyskens, vont renvoyer le problème au Parlement. En 1986, Roger Lallemand et Lucienne Herman-Michielsen préparent une loi dépénalisant l’avortement. Elle sera votée en 1990, au grand dam du roi Baudouin qui refuse de la signer.

La femme est-elle l’avenir de l’homme?

Aujourd’hui, les jeunes filles ne sont plus prises en otages entre une vie affective et le risque d’être mère trop tôt; aujourd’hui, toutes les formations et toutes les professions leur ont ouvert les portes; les filles d’aujourd’hui subissent encore néanmoins une différenciation discriminatoire, volontaire ou non. Des salaires minorés, en dépit des remontrances européennes; des intimidations et du harcèlement sexuel, quand ce n’est pas la violence conjugale (une femme sur cinq en Belgique!) ou le droit de cuissage : ces pratiques d’un autre âge ne s’exercent malheureusement pas au passé. Outre les législations et la vigilance de tous et toutes, il faudra sans doute se battre encore longtemps pour que la discrimination sexuelle soit dépassée par une nouvelle forme de relations sociales et affectives. Luce Irigaray -philosophe et psychanalyste belge exerçant à Paris- a publié, sous le titre I Love You. Chi sono io? Chi sei tu? le fruit d’un travail réalisé en Italie pour la commission européenne, sur l’apprentissage de la différenciation sexuelle. Plusieurs classes de l’école primaire se sont prêtées à des jeux de langage, d’écriture et d’écoute grâce auxquels les enfants ont approché la réalité de l’autre, les modes de penser différents, comme le contenu que les uns et les autres peuvent ou non partager. De cette différenciation prise en compte -hors de tout jugement-, émerge une autre voie vers la vie ensemble. Une voie qui semble aujourd’hui sans issue, mais qu’il nous revient de tracer, femmes, mères et filles, -avec les hommes de bonne volonté- pour qu’enfin nous soyons dignes de ce que le hasard nous a donné, la possibilité matérielle de nous battre. Face aux femmes et filles d’Afrique ou d’ailleurs -pour qui le chemin vers l’émancipation ne fait que commencer-, nous avons le devoir de défendre les acquis et de creuser la voie, pour les fillettes de demain, vers une vie où chacun et chacune pourra partager cette différence comme une richesse.

(1) Ce n’est que le 7 avril 1922 qu’une loi permet l’accès des femmes au barreau en Belgique. (2) Fille de Paul Janson, avocat, ministre d’Etat et figure du libéralisme progressiste, elle est professeur de géographie aux Cours d’Education d’Isabelle Gatti de Gamond. Epouse de Paul Spaak, avocat et dramaturge, ils auront quatre enfants dont Paul-Henri Spaak. (3) Le régime matrimonial par défaut est celui de la communauté des biens réduite aux acquêts; il se caractérise par une indépendance des époux en ce qui concerne leur patrimoine respectif et par une égalité des époux dans la gestion du patrimoine commun. Références ? E. Gubin (Dir.), Dictionnaire des Femmes Belges. 19e et 20e siècles, Editions Racine, 2006. ? Christine Ockrent (Dir.), Le Livre noir de la Condition des femmes, XO Editions, 2006. ? Pas à pas. Histoire de l’émancipation de la femme en Belgique, Secrétariat d’Etat à l’Emancipation sociale. Miet Smet, 1991. ? Françoise Hecq, «Droits des femmes : points de repères pour la Belgique» in Collectif contre les violences familiales et l’exclusion (CVFE). ? Luce Irigaray, Je, tu, nous : pour une culture de la différence, 1992, Le Livre de Poche, et Ethique de la différence sexuelle, Ed. de Minuit, 1984. ? Luce Irigaray, I Love You. Chi sono io? Chi sei tu?, Biblioteca di Casalmaggiore, 1999.